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Frédéric Martin - Engagement politique et citoyen
9 juillet 2020

Dix pensées du moment

De l’esprit critique
L’esprit critique suppose de la critique, mais aussi de l’esprit. On lit beaucoup de critiques, et on y cherche souvent l’esprit.

La critique sans l’esprit est la râlerie. Il n’y a pas de pensée dans la râlerie, qui est une éructation de plus dans le vacarme numérique des réseaux sociaux, sans autre utilité que le plaisir, narcissique et dérisoire, de cracher en public.


De l’esprit républicain
L’esprit républicain est un esprit critique, car il combat les préjugés, les opinions toutes faites, les dogmes établis. Il prône la liberté de conscience et l’égalité des droits et des devoirs entre les citoyens, sans autre considération. Il est l’ami fidèle de la raison, qui le guide. Il défend la démocratie contre ceux qui veulent l’affaiblir ou l’anéantir. L’esprit républicain est universaliste car il ne hiérarchise pas les individus et ne cherche pas à les séparer selon des critères oiseux.


De l’identité
Il y a plusieurs identités en nous-mêmes. Celle dont nous héritons, et que nous devons connaître et respecter. Celle que nous nous forgeons, dès notre enfance et tout au long de notre vie, en fonction de notre cheminement intérieur, des épreuves et des bonheurs de notre existence, de notre vision des choses, qui peut changer avec le temps. Il appartient à chacun de nous d’entretenir un rapport apaisé entre nos identités. C’est le seul moyen d’être heureux. Notre identité héritée, celle de nos aïeux, n’est pas une prison. Elle doit nous inspirer, et nous devons la dépasser, car notre contribution personnelle à l’histoire du monde, si modeste soit-elle, sera toujours originale.


De la diversité
Sans diversité, il n’y a pas de liberté. Si nous étions tous identiques, et si nous pensions tous la même chose, nous ne serions pas libres. La liberté, c’est le droit d’être différent, de penser différemment, de vivre différemment, en posant comme limite la liberté d’autrui. Nos différences ne doivent pas faire oublier ce qui nous rassemble, et qui importe par-dessus tout : notre fraternité humaine. Nos différences éclosent dans le même verger.


De la communauté
Les hommes et les femmes sont libres de s’associer en fonction de leurs affinités, de leur goûts, de leurs préférences. La communauté n’est pas mauvaise en soi. Mais lorsqu’elle devient un enfermement, lorsqu’elle nie la liberté individuelle, lorsqu’elle cherche à imposer ses prescriptions à ses membres ou à ceux qu’elle considère comme devant en faire partie, lorsqu’elle s’érige en puissance politique, là, elle devient néfaste. En démocratie, la seule communauté politique que nous devons reconnaître est celle formée par l’ensemble des citoyens, sans exception.


De la laïcité
Jésus de Nazareth, qui était un homme sage, et c’est déjà beaucoup, était le premier laïque. “Rends à César, ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu”. C’est la première loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Encore faut-il préciser que pour Jésus, il n’y a pas besoin d’Eglise, pour les croyants sincères. Dieu voit tout, Dieu sait tout, Dieu lit dans les cœurs. Mais alors, quel est l'intérêt d'exposer les signes extérieurs de sa foi ? “Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra”. Ces mots sont d’une implacable logique et d’une sagesse profonde.


De la laïcité (suite)
Imaginons que je souhaite porter en permanence, dans la rue et dans les espaces publics, un T-Shirt sur lequel est écrit en grosses lettres “Dieu n’existe pas !” ou “Allah n’existe pas !”. Serait-ce une initiative heureuse ? Je ne le pense pas. Car j’ai trop de respect pour ceux qui ne pensent pas comme moi, même pour les inconnus que je croise dans la rue, pour imposer à leur vue mes croyances personnelles, qui pourraient heurter les leurs. Je ne demande pas non plus à accompagner les enfants en sortie scolaire avec mes convictions philosophiques portées en étendard. J’attends des autres qu’ils agissent de même. La liberté d’expression, dans notre pays, nous permet d’exprimer ce que nous pensons. Ce n’est pas une raison pour en abuser et poser comme préalable à toute conversation, à toute interaction sociale, le fait de croire ou non en la divinité. C’est une question de bon sens, dont on voudrait qu’il soit mieux partagé.


Du terme "islamophobie"
Peut-on critiquer l’Islam ? Oui, au même titre que les autres religions, que l’athéisme, le déisme ou l’agnosticisme. Doit-on pour autant se déclarer “islamophobe” ? La phobie est une peur irraisonnée qui se change en haine. Arachnophobie : c’est la peur des araignées. On les écrase. Homophobie : c’est la peur des homosexuels. On les rejette, on les tabasse. Le terme de phobie qui est négatif et péjoratif dans toute une série de contextes, deviendrait neutre ou positif s'agissant de l'islam et des musulmans ? Non, le débat public est suffisamment confus, lourd de malentendus et d'incompréhensions de toutes parts, pour que des défenseurs de la laïcité se revendiquent d'un terme inutilement polémique.


Des symboles de la République
L'émotion mondiale qu'a suscitée la mort atroce de George Floyd s'est changée en indignation légitime. De l'indignation à la colère, il n'y a qu'un pas. Mais la colère est mauvaise conseillère. Ce tragique événement est devenu le prétexte à un déchaînement d'actes et de discours extrêmement violents contre l'homme blanc, contre l'Occident, contre son histoire et ses valeurs. En France, on vandalise les statues de Voltaire et de Charles de Gaulle, au cri de "nique la France". Comment comprendre cette haine de la France, alors que tant d'hommes et de femmes dans le monde souhaiteraient y vivre et échapper au sort qui leur est réservé dans leur propre pays ? L'amour de la France est accessible à tous. Il ne suppose aucun reniement, aucun oubli. Ceux qui abattent les statues devraient se demander si, un jour, ils accompliront des actes si dignes et si bénéfiques pour leur pays ou pour l'humanité qu'on érigera des statues à leur mémoire.


De l'homme blanc
L'histoire du XXe siècle a été celle de la perte progressive d'influence et de pouvoir exclusif de l'homme blanc européen hétérosexuel. Cette évolution est insupportable pour certains, pour ceux qui ont la nostalgie de cette suprématie perdue et idéalisée. C'est le sens de l'histoire, et ce n'est pas un mal, mais au contraire un progrès. Les droits se sont lentement ouverts, en Occident, aux femmes, aux hommes d'origine non européenne, aux homosexuels que l'on ne considèrent plus comme malades ou dépravés. Les luttes pour l'égalité ne sont pas achevées et se poursuivront au XXIe siècle. L'honnêteté consisterait à reconnaître que l'Europe a été le fer de lance des mouvements d'émancipation, qui ne sont pas aussi avancés dans les autres parties du monde, quoi qu'en disent ses détracteurs. L'Europe est mise au banc des accusés car elle ne fait pas assez vite ce que les autres continents ne font pas du tout, ou peu. La marche vers l'égalité de fait (et non plus seulement de droit) ne pourra pas s'accomplir solidement et solidairement dans un climat de haine interraciale, mais dans le respect et la considération que l'on doit à ses semblables. Ceux qui soufflent sur les braises se réjouiront peut-être de la chaleur du brasier, avant de comprendre, trop tard, que l'incendie n'épargnera personne.
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